Une mère de quatre-vingt-trois ans a dissous soixante-dix pilules pour dormir dans de l’eau… l’a donnée elle-même à boire à son fils de quarante-six ans, et ce qui s’est passé ensuite a fait couler les larmes de tout le monde.

Une mère de quatre-vingt-trois ans avait mélangé soixante-dix comprimés somnifères dans de l’eau, puis les avait donnés de sa propre main à son fils de quarante-six ans, en retenant ses larmes et en le berçant doucement :
« Bois, mon fils, tout ira bien après ça. »
Không có mô tả ảnh.

Son fils souffrait de paralysie cérébrale depuis l’enfance et était incapable de subvenir à ses besoins.
Pendant quarante-six longues années — depuis ses cheveux encore noirs jusqu’à ce qu’ils deviennent blancs — elle n’avait jamais cessé de s’occuper de lui.
Mais maintenant, vieillissante et affaiblie, elle commençait à craindre que, après sa mort, plus personne ne puisse prendre soin de lui comme elle l’avait fait.
Ce fardeau finirait par retomber sur les épaules de son fils aîné.

Après une longue période de lutte intérieure et de souffrance, elle versa toutes les larmes de son cœur et, de ses propres mains, fit ses adieux à son fils cadet.
Puis, essuyant ses larmes, elle se rendit pas à pas au poste de police…

Lorsque le crépuscule s’éteignit complètement, elle enfila son vieux chandail de laine et ouvrit la porte pour sortir. Le vent froid du début de l’hiver fouetta doucement ses cheveux argentés. La petite rue demeurait silencieuse ; quelques voisins la virent passer, lui adressèrent un léger salut, sans savoir ce qu’elle venait d’endurer au fond de son cœur. Elle marcha droit vers le poste de police, ses pas lents mais déterminés.

En posant la main sur la porte de fer glacée, elle sentit battre son cœur à tout rompre. Un instant, elle faillit se retourner — mais une voix intérieure murmura :
« Il faut que j’assume. Je ne peux pas laisser d’autres porter ce fardeau. Mon enfant repose enfin, maintenant c’est à mon tour. »

Elle entra.

L’agent de service — un jeune homme — leva les yeux, surpris :
— Puis-je vous aider, madame ?

Elle serra les lèvres, sa voix tremblante mais ferme :
— Je… je viens me dénoncer. J’ai donné à mon fils des somnifères… il est mort.

Le policier resta pétrifié. Après un moment, il se leva brusquement, bouleversé, mais la vieille femme répéta la même phrase, d’un ton calme à en glacer le sang. Dans ses yeux, il n’y avait plus de larmes — seulement le vide.

Lorsque l’ambulance arriva, elle resta assise, immobile, regardant par la fenêtre. La nuit tombait, les lampadaires jetaient une lumière dorée et vacillante sur la rue. Dans son cœur montait un sentiment étrange de soulagement — quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis quarante-six ans : plus d’angoisse, plus de peur, plus d’attente.

Elle savait qu’à présent, elle ne se réveillerait plus au milieu de la nuit au son de la toux de son fils, qu’elle n’aurait plus à craindre de tomber malade sans pouvoir s’occuper de lui, qu’elle n’aurait plus à trembler en imaginant son avenir après sa propre mort. Tout s’était arrêté.

Sur le chemin du commissariat, le jeune policier ne cessait de la regarder dans le rétroviseur. Il voulait dire quelque chose, mais les mots ne venaient pas. En lui se mêlaient compassion, effroi et un profond désarroi devant la justice. Il n’avait jamais rencontré un criminel pareil — une mère qui avait tué son fils, mais dont le regard restait doux, triste… et presque apaisé.

Le lendemain, la nouvelle fit l’effet d’une bombe dans le quartier. On murmurait, on pleurait, on jugeait, on compatissait. Certains la traitaient de « meurtrière », d’autres disaient qu’elle n’avait fait qu’obéir à l’amour maternel. Quant à elle, assise dans sa cellule, elle demeurait silencieuse, figée comme une statue.

Pendant les premiers jours de détention, elle parlait peu. Quand l’enquêteur l’interrogea, elle répondit simplement :
— Je ne regrette rien. J’aimais mon fils. J’avais seulement peur qu’il souffre encore en vivant.

Puis elle détourna le regard vers la petite fenêtre, où un rayon de soleil filtrait, mince et fragile, tel un fil reliant ce monde à l’autre.

Quelques semaines plus tard, elle fut traduite en justice. La salle d’audience était pleine. Assise au centre, elle tenait son vêtement d’une main tremblante. Sous la table, personne ne vit ses doigts qui continuaient à frémir — non pas de peur, mais à cause de l’âge et de la fatigue.

Lorsqu’on lui demanda pourquoi, elle prononça une phrase qui fit taire toute la salle :
— J’ai assez vécu. Mais mon fils, lui, n’a jamais vraiment vécu comme un être humain. Je ne l’ai pas tué… je voulais seulement qu’il dorme, sans douleur.

Des sanglots éclatèrent parmi les spectateurs. Une jeune femme cacha son visage dans ses mains. Quelques hommes baissèrent la tête. Personne ne pouvait dire qu’elle avait raison, mais personne n’osait dire qu’elle avait tort.

Le procès s’acheva. La sentence fut prononcée avec clémence, car la justice reconnut qu’elle avait agi dans un état de détresse et de confusion mentale, affaiblie par l’âge. Mais pour elle, le verdict n’avait plus de sens. Elle ne demanda qu’une chose : pouvoir garder une photo de son fils dans sa cellule.

Chaque matin, le gardien qui passait la voyait assise devant cette photo, murmurant des mots inaudibles. Parfois elle souriait doucement, parfois restait muette, les larmes coulant sans qu’elle les essuie.

Le jour où elle mourut, une pluie fine tombait. Sur la table, on trouva une courte lettre, écrite d’une main tremblante :

« Mon enfant dort en paix. Moi aussi, je vais dormir.
S’il existe une autre vie, j’espère que tu seras sain, que tu pourras courir, rire et vivre.
Je resterai loin, sans troubler ta vie.
Il me suffira de savoir que tu es heureux. »

La lettre se terminait là, mais l’histoire, elle, ne se fermait pas dans le cœur des lecteurs.
Car cette douleur n’appartient à personne seul — elle demeure comme une question silencieuse sur les limites de l’amour, du devoir et de la condition humaine, quand on se trouve au bord de la ligne entre la morale et le désespoir.